Les Petites Bourgades : ah si j'avais le marteau, je serais premier joueur...


Un jeu de Peter McPherson, illustré par Gong studios et Matt Paquette, édité par Lucky Duck Games.

Instant Wikipedia : une bourgade est un petit village dont les maisons sont disséminées sur un territoire donné, contrairement au bourg où les maisons sont accolées les unes aux autres. 
C’est le droit d’organiser un marché qui a permis aux bourgades de s’ériger au rang de bourg (l’évolution de dingue), avec un centre administratif et une paroisse associée. 
Le bourg se caractérise aussi par la présence d’artisans, de commerçants et de services publics. 
Les habitants sont les bourgadins (tout de suite plus bouseux que bourgeois), et en France, les bourgades disparaissent au profit d’un village plus important créant un regroupement de hameaux autour.

Installation 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 25 minutes



Certaines photos de cet article sont tirées du site de Lucky Duck Games : https://luckyduckgames.com/fr/games/71-les-petites-bourgades

Vous voilà maire d’une petite bourgade dans un joli coin de pays, enfin d’une bourgade en devenir, vous êtes maire, mais il vous reste à créer le village autour de votre statut. 
Seul problème, vous êtes plusieurs à être SCF (sans commune fixe), il faudra mettre en exergue tout votre talent de créateur urbain pour attirer le bourgadin chez vous plutôt que dans le regroupement de taudis adverse (oui c’est politique, donc c’est surtout de la mauvaise foi).

Mise en place : 
- chaque joueur prend un plateau représentant son bout de terrain et une tour rose avec 2 cartes de bâtiments spéciaux pour n’en garder qu’une. 
- au centre, on place les ressources de construction par type (verres, bois, pierres, briques, blés, oui comme dans les trois petits cochons, il y a un gars qui utilise de la paille pour sa maison…),
- on place les bâtiments à côté avec une carte parmi 4 pour chacun représentant le type et le pouvoir de scorring du bâtiment, et surtout sa composition. 

Les plateaux joueur avec la fiche de score

Les bâtiments spéciaux

Recto...

Recto 2...

Et verso : les bâtisses jaunes

Verso 2 : ou comment produire à manger

Verso 3 : les lieux d'argent / exploitation

Verso 4 (il n'y a qu'un type de maison)

Verso 5 : les lieux de culte

Verso 6 : les lieux de fête, ou de soins (c'est pas trop le même thème 😅)

Verso 7 : les points de rassemblement

Les ressources

Les bâtisses jaunes

Les lieux de fête ou de soins

Les petits bâtiments comme fontaine etc

Les lieux de culte

Les lieux d'exploitation

Les lieux de production de la nourriture

Les petites maisons de campagne

On donne le marteau au premier joueur, ou maître bâtisseur, qui peut lancer la construction de sa circonscription en devenir.

Le premier joueur annonce une ressource qu’il prend dans la réserve, et la place sur une case vide de son terrain (sans bâtiment ni ressource).
Tous les autres joueurs, sans exception, devront faire de même. 
Si l’un des joueurs arrive à reproduire une des formes (ou forme miroir) avec exactement la même composition et même agencement de ressources, alors le joueur peut remplacer toutes les ressources par le bâtiment qu’il placera sur l’une des cases contenant les ressources. 
Si c’est le bâtiment spécial, on retourne la carte pour dévoiler son pouvoir aux autres joueurs. 
Pas le choix, la ressource ne peut pas être défaussée, il faudra lui trouver une utilité (même si c’est la 5e brique d’affilée et que l’envie de voir si la brique sera comestible dans les dents de l’adversaire peut survenir)
Une fois que tout le monde a placé sa ressource, plus ou moins construit ses bâtiments, le marteau passe au joueur suivant qui pourra choisir sa ressource et l’imposer aux adversaires (c’est pour baisser les frais de port, quand quelqu’un commande du verre, tout le monde en récupère).

Mme J a beaucoup utilisé la phrase 
"non mais m***e, t'es relou là!!"
lors de cette partie

La partie se termine quand tous les terrains sont pleins, soit de bâtiments, soit de ressources si elles ne peuvent être converties en bâtiments.

Chaque joueur compte les points de chaque bâtiment et de son bâtiment unique (en positif ou négatif), puis soustrait au total un point par case sans bâtiment. 

Le vainqueur aura enfin une ville à son nom et laissera une trace dans l’histoire de l’urbanisme de campagne.
Pour les perdants, malheureusement, leur vision d’un nouveau Bourg-la-Reine se soldera par une révolution et ne permettra pas d’envisager un avenir politique.

À 2 pas de modification.

Le nom du jeu peut, au départ, laisser perplexe.
Le terme bourgade étant légèrement suranné, l’histoire veut qu’à la base, il devait s’appeler Tiny Town, mais que devancé par Iello et leur sorti de Little Town (que nous n’avons d’ailleurs pas encore eu l’occasion de tester), les canards chanceux se sont rabattus sur la traduction française du titre pour éviter l’amalgame, donnant en plus un charme désuet au titre.

Le matériel du jeu est très agréable et tous ses lots de bâtiments donnent envie d’être pris en main et dispatchés sur notre terrain. 
L’iconographie est claire et les cartes de belle qualité. 
On peut juste se demander s’il n’aurait pas du réduire la taille de l’ensemble pour réduire la taille de la boîte et ainsi la rendre facile à transporter partout… après cela aurait baissé la lisibilité du jeu donc tout est défendable…

On se retrouve avec un jeu de vision dans l’espace où l’interaction, et la frustration est omniprésente, mais les parties étant relativement rapides, cela permet de bien le vivre. 
Les tours sont fluides et devront se jouer d’observation et d’anticipation.

*sourcils froncés, oeil vif et calculateur* : 
*marmonne marmonne marmonne*
"faudrait que je prenne du bois pour avancer ma ferme, mais du coup les adversaires vont pouvoir terminer leur théâtre, sauf qu'il y a de forte chance qu’ils prennent le bois à leur tour donc autant avancer un autre bâtiment pour laisser celui-là être terminé par les adversaires... je vais prendre de la pierre pour débuter le verger" => "je prends de la pierre !"
*concert de grognements, quelques exclamations de surprise bienvenue* 
Et puis...
"Je prends du blé!"'
"Mais... put** de bord** de m**de, pourquoi le maire de chi**te de Moncul a pris du blé, je voulais du bois, du blé, il m’a pris pour ce put** de Nouf-Nouf avec sa fuc**ng maison de paille ?????? 
=> "mais... je croyais que tu finissais ton théâtre ? Non mais t'es relou là !"

Voilà en gros le type de réflexions à plus ou moins haute vois que vous aurez tout au long de la partie. 

Il faudra associer ET programmation ET anticipation pour ne pas s’enfermer dans un bain de ressources dont vous ne pourrez sortir.
Voir l’adversaire finir à 30 points pendant qu’on arrive péniblement à 10 peut légèrement donner envie de voir en combien de temps le marteau peut mettre à rentrer dans une narine pour ressortir par l’autre (non, la défaite ne rend pas hargneux…)

Vous l’aurez compris, ce jeu est un peu comme la puberté, il peut réveiller des pulsions incontrôlables auxquels vous aurez parfois du mal à ne pas succomber… mais comme la puberté, une fois dépassée vous serez ravis de l’avoir eu, et aurez envie d’y revenir pour essayer de faire mieux qu’avant (bon ça, pas trop comme la puberté, il faudrait voir à pas exagérer le plaisir de ressembler à une calculatrice, la voix qui mue, sans parler de l’érection mal venue dans un jogging avec la prof de sport bedonnante de 60 balais qui vous engueule pour faire un saut en hauteur correct, ou la première fuite rouge dans le mini short blanc lors d'une sortie scolaire, qui ne sont pas forcément des souvenirs donnant envie d’être revécus)

Les différents bâtiments et le nombre de cartes différentes pour chaque bâtiment donnent en plus une belle rejouabilité au jeu avec une obligation de revoir ses stratégies à chaque partie, pour faire la bourgade du siècle. 

Le jeu a une extension, qui en plus d’ajouter des cartes bâtiment, rajoute la possibilité d’utiliser de l’or permettant de modifier la ressource commandée par le maître constructeur. 
Nous ne l’avons pas testé, mais elle a l’air intéressante pour qui aime avoir un peu plus de contrôle sur sa partie.

👉Alors, à 2 c’est mieux ?

À deux, on contrôlera beaucoup plus la partie. 

En effet, notre tour revenant très vite, on a qu’une seule ressource à anticiper, contrairement a des parties à 6 joueurs où il y a 5 ressources à anticiper.
Les parties sont tout de suite beaucoup plus chaotiques, et c’est dans ce type de partie que l’extension me semble nécessaire pour contrôler a minima les arrivées de ressource dans notre petit coin de paradis. 
Pour les amateurs de contrôle, les parties à 2 ou 3 joueurs seront les parties les plus agréables.
Plus on augmente en nombre, plus on se croirait dans une succursale de la CAF, où personne ne sait trop quoi faire de la ressource qu’on vient de lui donner, mais ferra quand même comme si jusqu’à l’effondrement complet du système. 

Reste à voir si vous êtes plutôt d’alignement chaotique ou non.

Prêts pour faire de votre coin de campagne le fleuron de l’urbanisme ludique ?

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