Renature : dominomino dominominette (oui, la culture musicale des auteurs est sans faille)

Un jeu de Mickaël Kiesling et Wolfgang Kramer, illustré par Denis Lohausen et édité par Matagot.


Instant Wikipedia 


Les dominos sont un jeu de 28 pièces (pour le jeu classique en base 6) dont les premières traces sont retrouvées en Chine au 13e siècle dans un livre de Zhou Mi, ils sont appelés Gupai. 

Il apparaît ensuite en Italie en 1760, de là il connaîtra un développement croissant. 

Son nom viendrait de la tenue des dominicains composés d’une tunique blanche, d’un scapulaire et d’un capuce noir, la partie blanche deviendra d’ailleurs la tenue des papes depuis Saint Pie V (répétez-le 5 fois rapidement)

Au départ fabriqué en bois, os et nacre, il deviendra plastique après la Première Guerre mondiale. 

Outre le jeu classique de domino qui aura occupé des après-midis pluvieux entiers avec arrière-grand-mamie J, les dominos sont aussi utilisés pour faire des jeux de chutes de dominos (plus hypnotiques et adroits que le jeu de base) dont les plus marquants sont pour les Dominos Days depuis 1986 aux Pays-Bas. 

Il est aussi utilisé en géopolitique et aura servi à Louis Braille pour créer l’alphabet pour aveugle. Comme quoi tout part d’un domino et ça a révolutionné le monde. 


Installation : 10 minutes

Règles : 10 minutes

Temps de partie : 40 minutes.



Alors que vous vous promeniez sur un petit chemin qui sent la noisette, vous tombez nez à nez avec un magnifique ruisseau aux multiples embranchements qui serpente dans une clairière.

Quel bel endroit bucolique.

Mais en vous rapprochant, quelle ne fut pas votre stupeur en constatant que la clairière qui semblait bucolique n’est au final qu’un terrain vague sans verdure, entourée de rigoles qui clapotent sans animaux autour pour boire dedans. 

Votre sang d’écologiste en herbe ne fait qu’un tour, et vous vous lancez comme mission de redonner de la verdure et de la chatoyance à cette clairière pour venir y pique-niquer avec votre mini J personnel au prochain dimanche. 

Vous sortez vos dominos animaux et c’est parti pour mettre sa petite graine dans la prairie. 


La mise en place assez rapide consiste à :

- placer le plateau de jeu au centre avec un marqueur score dans chaque terrain vague, 

- un nuage dans les zones indiquées 

- et le marqueur joker sur le papillon. 


Les marqueurs score


Puis chaque joueur prend un plateau joueurs y place :

- ses nuages, 

- herbes de valeur 1,

- buissons de valeur 2, 

- sapins de valeur 3, 

- et grands arbres de valeur 4, de sa couleur et neutre en fonction du nombre de joueurs.

Enfin, chaque prend son lot de domino et regarde les trois premiers. 



Les plateaux joueurs

Les p'tits nuages


Vous êtes désormais fin prêts pour voir qui aura le domino vert, c’est comme la main verte, mais en plus ludique. 


Le jeu se joue au tour par tour, et chaque tour est composé de 4 phases. 


Phase 1 : le joueur actif pose un de ses 3 dominos face visible sur une rivière, soit en partant d’une zone de départ, soit accolé à un autre domino en respectant la concordance animale, sauf l’animal joker qui peut s’acoquiner avec n’importe quelle bête (même plusieurs animaux différents en même temps, coquin le papillon). 

Le joueur peut ainsi dépenser 2 nuages pour choisir n’importe quel autre animal comme joker pour la suite de la partie. 

Si on ne peut pas jouer, on défausse un domino et on passe immédiatement en phase 4. 


La double tuile papillon joker, ça c'est vraiment cool 


Phase 2 : le joueur peut poser un des arbres (la touffe d’herbe est aussi comptée comme un arbre), sur une zone terrain vague collée à son domino. 

Il prend n’importe quel arbre de son plateau, de sa couleur ou neutre, et récolte 1 point pour l’arbre posé + 1 point par arbre de taille égale ou inférieure déjà en place sur le terrain vague. 

Avant de faire cela, le joueur peut dépenser de 1 à 4 nuages pour récupérer un arbre de valeur 1 à 4 déjà en place sur le plateau (neutre ou de sa couleur, on ne pique pas le bouleau des autres). 

Si l’arbre est posé sur un nuage, ce dernier est immédiatement récupéré s’il peut être stocké.



Phase 3 : si et uniquement si on ne peut plus mettre de domino autour d’un terrain vague, le joueur qui a clôturé la zone récupère la tuile de scoring, et le joueur avec la plus grande valeur d’arbre score la partie haute de la tuile, le second la partie basse. 

S’il y a une égalité de valeur d’arbres entre deux joueurs, ces derniers ne seront pas décomptés laissant tous les points au suivant dans la liste. La nature est impitoyable.

Le joueur ayant récupéré la tuile scoring peut n’avoir aucun arbre dans la zone décomptée.


Phase 4 : on pioche un domino pour en avoir à nouveau 3 visible, on peut aussi dépenser 3 nuages pour rejouer tout de suite un tour. 

Sinon c’est au joueur suivant. 


Mme J, en blanc, va perdre des points, 
à son plus grand désespoir,
car n'a pas posé son petit buisson...

Tout est affaire de perspective


Une fois l’ensemble des dominos posés ou défaussés, les joueurs ajoutent à leur score :

- 1 point par nuage encore en leur possession, 

- les points du verso des tuiles scoring qu’ils ont récupéré.

- les majorités de chaque terrain vague non complété, 

- puis on soustrait la valeur des arbres encore sur notre plateau joueur. 


Le plus grand score définira le vainqueur qui pourra retourner siroter son thé Macha bio au coin de l’eau pendant que les perdants devront défricher leur coin de nature qu’ils ont saccagé pour tout recommencer. 


À 2 joueurs : on retourne les plateaux joueurs et on accole les 2 blancs ensemble et les 2 noirs. 

Chaque joueur possède plus d’arbres de toute sorte de sa couleur et neutre. 

À deux joueurs, on ne pourra jouer que les blancs et les noires. 

Chaque joueur démarre avec 26 dominos. 


Le grand plateau joueur du joueur blanc


Au niveau matériel rien à redire, c’est beau, de bonne qualité et agréable à manipuler, les nuages auraient gagné à être un peu plus gros, mais il a fallut faire un choix entre le cumulus, le stratus et le nuage magique de Goku. 

Et le verso du plateau est juste sublime même si au fond, ça ne sert à rien sauf si on joue avec une table en verre et que mini J est puni sous la table, ou Mme J… 


Le verso : waaaahou c'est joliiiii
Comme dirait Mini J.

Niveau thème, vous l’aurez compris, c’est plaqué, il faut avoir une imagination débordante pour voire son domino tortue-papillon creuser et planter en charmant petit buisson d’aubépine au coin du ruisseau. Du coup, la question se pose de l’intérêt d’une revisite des dominos version 4/6 ans où les nombres sont remplacés par des animaux (oui clairement les dimanches avec arrière-grand-mamie J me manquent même si dominos et Scrabble pendant 5 heures d’affilée pourraient éventuellement me lasser maintenant…)


Au final, c’est là où on constate le talent des 2 auteurs, renommés et reconnus, pour arriver à transformer le classique de notre enfance en jeu de stratégie où il faut essayer d’anticiper les blocages adverses, savoir quand poser son double chauve-souris et quand modifier l’animal joker pour éviter d’être bloqué et se retrouver avec des arbres non plantés à la fin, ce qui peut coûter très cher, ou quand lâcher ses arbres neutres pour évincer le conifère adverse et piquer tous les points avec sa touffe de gazon, savoir quand fermer une zone même si on n’est pas dessus, juste pour prendre la tuile et scorer le bonus de fin de partie, ou quand récupérer son buisson de genet pour le délocaliser sur la parcelle voisine, ce qui demande une certaine forme de main verte qu’il faudra acquérir sur plusieurs parties pour affiner sa stratégie. 


Les parties sont fluides, rapides, et même si le décompte en cours de partie ralentit un petit peu le jeu, on passe de bons moments, et l’envie de rejouer est bien présente. 


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


À 2 joueurs, on augmente drastiquement le nombre d’arbres de chaque type de sa couleur et neutres, ainsi que le nombre de dominos, entraînant une quasi-nécessité de poser un arbre par tour pour éviter la déconvenue quand la fin du jeu arrive (24 arbres pour 26 dominos). 

Ce qui permet de maintenir la tension et de bien faire la part des choses entre les arbres de couleur et les neutres. 


De plus avec le bon nombre de dominos et de nuages, on arrive à fertiliser toutes les zones du plateau pour récupérer la grande zone à 13 points de victoire. La stratégie nécessitera de faire la part entre plusieurs petites zones facile à acquérir, mais peu généreuses en PV, ou les grandes zones, plus difficiles, mais riches en PV. 


On retrouve et le côté domino de notre enfance, et le côté jeu de tuiles et de blocage nécessitant plus d’anticipation que nos 6 dominos noirs et blancs (oui arrière-grand-mamie J jouait avec de l’os et du bois et ALORS ?).

Au final, voici une une revisite réussie d’un classique qui se joue facilement, mais où les neurones peuvent chauffer à minima et les moues boudeuses aussi d’ailleurs… 


À 2, on s’amuse bien et le jeu est d’autant plus rapide qu’il n’y a qu’un nouvel embranchement par tour donc le placement de son domino pourra être anticipé. 


A plusieurs joueurs, le plateau tourne plus vite donc plus difficile de prévoir son coup avant son tour. 


Reste à voir si vous êtes plus dans l’anticipation et la programmation ou dans l’improvisation, où de toute façon avec 3 choix de domino et le bon nuage pour changer le joker, les blocages ne vous impressionnent pas. 


Une petite partie de domino avant de rentrer dans le vif du sujet avec La Bonne Paye et un Risk ?

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