Destinies : quand Guy Marchand rencontre le monde ludique.
Un jeu de Filip Milunski et Michal Golebiowski, illustré par Karolina Jedrzejak, Magdalena Leszczynska, et Irek Zielinski, le tout édité en France par Lucky Duck Games.
☝ Instant Wikipedia :
Le destin désigne une puissance supérieure qui réagirait le cours des événements.
Le destin présuppose que l’histoire de l’univers (rien que ça) est écrite d’avance et que l’homme n’est qu’un acteur ne pouvant en modifier les grandes lignes (les mauvaises langues diront que c’est pour se donner bonne conscience d’être un sale con).
Les premières notions de destin sont liées aux religions mésopotamiennes anciennes, on retrouve la tablette-aux-destins convoités par les dieux, on le retrouve ensuite dans la religion scandinave avec le Ragnarök ou le destin des dieux en vieil islandais (sans Chris Hemsworth pour faire rêver Mme J), les grecques en feront le fil de leur religion, et des contes héroïques dont le plus célèbre reste le destin d’Œdipe qui bécota sa maman.
Le christianisme clame le libre arbitre et réfute la notion de destin (ce n’est pas assez vendeur, le destin, pour la quête du dimanche); l’islam en a fait un de ses 6 axiomes, elle associe le destin (qadar) au libre arbitre; les religions orientales parlent de roue de destin et de cycle de vie sans fin.
La philosophie l’utilise aussi, certains courants comme la voix du stoïcisme le transforment pour que ça s’adapte à leur mode de vie, Nietzche estime qu’il faut le combattre.
Au final comme dirait Esteban, Zia et Tao, cherche ton chemin, c’est ta vie, c’est ton destin, à bord du grand condor…🎶🎵
Installation : 15 minutes
Règles : 15 minutes
Temps de partie : dépendant du scénario, entre 1 h 45 et 2 h 30
Plusieurs photos sont issues du site https://luckyduckgames.com/fr/games/18-destinies
Alors que vous vous étiez habitué à être un PNJ d’une licence à succès du monde vidéo ludique, vous voilà choisis pour réaliser votre destinée par une instance supérieure (merveilleux), et contrairement à beaucoup de chanceux, vous ne vous êtes pas pris de flèche dans le genou.
Du coup, vous allez devoir partir à l’aventure pour la réaliser, cette putain de destinée, qui malheureusement a peu de chance de ressembler à se biturer dans la taverne de « Le Shetland En Forme » et de tenter de courtiser la gueuse du coin, mais bon déjà un vieux barbu vous a pas refilé un anneau à la con pour aller mater dans les douches des filles en étant invisible.
*Mr J ! Tant de grossièreté !! On dirait que t'es jaloux !!*
Non, dans votre périple, il va y avoir des démons, des maladies (plus proche de la peste que du rhume des foins), et autres félonies démoniaques.
Et le pire c’est qu’on vous a envoyé dans un bled que vous ne connaissez pas avec d’autres pommés du cru qui essayeront de valider leur quête avant vous…
Mise en place, une fois que tout le monde a pris un plateau de jeu et ses jetons de niveau, on place à un bout de table les pièces de monnaie et les jetons de niveau ainsi que les cartes lieux et objets toutes rangées dans l’ordre.
Maintenant, allumez votre tablette, choisissez le scénario à jouer, l’application indiquera la fin de votre mise en place, choix des personnages avec leurs caractéristiques en savoir, adresse et force ainsi que leur(s) objet(s) de départ.
Mettez en place la tuile de départ avec leurs points d’intérêt et personnages ainsi que le vôtre.
Pour finir, chaque joueur prend ses 2 dés principaux et une pièce sur son plateau et place ses 3 dés d’effort à côté.
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Et maintenant vous êtes destinés,
Inutile de fuir ou de lutter
C’est écrit dans notre destinée
Tu ne pourras pas y échapper
C’est gravé, la partie doit être jouée.
(Si je ne vous mettais pas Guy Marchand dans la tête, ça m’aurait été reproché) * Par qui ? On ne le saura jamais...*
Il s’agit d’une version retail du jeu de base.
La partie se déroule en une succession de tours, une fois que chaque joueur a fini son tour, un jour se termine, l’application lançant parfois des événements inattendus à la fin d’un certain nombre de jours, jusqu’à ce qu’un des joueurs ait accompli l’une de ses destinés, ou que le monde se soit achevé dans une gerbe de sang avec la résurrection de Diablo et de ses deux frères Mefisto et Baal (comment ça, ce n’est pas la même licence du tout?).
En début de tour, régénérez un dé d’effort qui s’ajoute à vos 2 dés permanents ainsi qu’aux autres dés d’effort s’ils n’ont pas été utilisés au tour d’avant.
Et après, c'est buffet : des choix, des choix et encore des choix à faire.
Vous pouvez :
- soit vous déplacer d’un maximum de 2 cartes, ou d’une si elle est inexplorée
- soit rester sur votre tuile.
Si vous explorez une nouvelle tuile, l’application vous dira quoi y placer.
Une fois votre choix de lieu d’arrivée fait, vous réalisez une action sur la carte :
- soit parler à un PNJ (un vrai qui le restera),
- soit visiter un lieu d’intérêt.
💬 Une fois votre choix fait, vous l’indiquez sur l’application qui vous donne un texte à lire à haute voix, et différents choix : ouvrir la porte, voler un sac de blé, acheter une arme, aider mamie à traverser le chemin, combattre un démogorgon…
🎲 Certaines actions vous demandent des tests.
Pour cela, vous lancez vos 2 dés auxquels vous ajouter éventuellement vos dés d’effort (qui seront épuisés après le lancé).
Une fois la somme des dés faite, on la compare à notre niveau dans la catégorie demandée par le test. On obtient une réussite par marqueur de compétence dépassé sur sa piste.
On y ajoute éventuellement les réussites automatiques des dés d’efforts ainsi que de nos cartes objets.
Le résultat est entré sur la tablette évaluant la réussite ou l’échec du test.
On peut avant tout test dépenser nos jetons compétences pour déplacer un jeton compétence de 2 cases ou 2 jetons compétence d’1 case.
🏆 La réussite du test donne objet, or, jeton compétence, voire une avancée dans l’une de vos quêtes.
L’échec peut aller de "vous ne perdez rien et passer votre tour" à "vous perdez des points de compétences, etc."
Vos choix sont déterminant, si vous décidez de voler une petite orpheline aux allumettes en la molestant, le reste de la population (qui de base avait pris l’option de la laisser crever sur le trottoir) sera moins cordial avec vous et peut vous mettre des bâtons dans la quête.
Au contraire, si vous aidez pour rien un riche marchant à retrouver son mouton perdu, les autres PNJ feront gloire à votre générosité et vous suivront peut-être dans votre combat.
L’application vous indique quand votre tour se termine, et donne parfois des événements en fonction des jours qui passent.
Si un incendie se déclare dans une maison et que personne ne va l’éteindre l’application pourra propager le feu, détruire la maison, tuer les PNJ…
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Quand l’une de vos quêtes est résolue (vous pouvez choisir laquelle des deux à tout moment de la partie), vous pouvez aller dans le lieu indiqué par votre carte pour débuter votre dénouement qui se déroulera en plusieurs tours en fonction de vos choix et de votre préparation, de façon à ce que le premier à le débuter ne soit pas assuré de la victoire, loin de là.
Le premier à réussir l’une de ses quêtes réussit sa destinée et obtient la renommée d’un Geralt de Riv au sommet de sa forme, les autres se prendront malheureusement une flèche dans le genou (encore) et seront cantonnés à se plaindre dans toutes les futures itérations de Skyrim.
À 2, pas de modification.
Un des personnages proposés ne sera juste pas choisi et pourra rester au coin du feu, boire sa tisane de wyverne, pendant que les 2 autres iront se crever le fondement pour sauver le monde.
Au niveau matériel : rien à dire.
Ce jeu est beau, les cartes fourmillent de petits détails avec les classiques des univers des jeux vidéo.
Les amateurs de Diablo, Skyrim et autre Dragon Age ne seront pas dépaysés.
Les figurines plastiques sont petites à part une, et les amateurs de peintures seront peut être en difficulté.
Mais en les regardant de plus près, la qualité est là et elles sont agréables à manipuler et ne diminuent pas la lisibilité des tuiles terrains quand elles sont plusieurs sur la même.
Les tokens en carton sont épais et de belle qualité.
Par ailleurs, l’application est ergonomique, et très facile à utiliser, elle se marie bien au jeu.
La narration du texte d’introduction est très agréable et on aurait aimé que cette narration dure toute la partie.
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Le 7e continent a créé cette mécanique de cartes lieu qui évoluent au cours de la partie laissant un doute sur chaque déplacement et les bénéfices ou emmerdes qu’il peut apporter.
À cela s’ajoute le talent des LDG pour la création d’applications qui servent le jeu, dont Chronicles of Crime est un parangon du genre.
Le tout saupoudré par un aspect narratif simple et abouti. La fusion de ces 3 paramètres en fait un jeu à part entière, comme Gogeta potentialise la puissance des sayans sans artifice ou potara, ces mécanismes fusionnent à merveille pour notre plus grand plaisir.
Bon, les détracteurs de jeu à applications vont clairement détester ce jeu, le côté jeu de plateau est un peu artificiel et une grande partie de l’action consiste à manipuler la tablette et lancer des dés version JDR 2.0. On pourrait facilement jouer sans le plateau et tout faire avec la tablette, les dés et les cartes avec leur QR code. Mais ça perdrait de son charme.
Pour les autres, la manipulation des figurines et l’impression de se déplacer en monde ouvert, associé à la tablette, donnent un vrai bonus et plaisir de jeu rappelant les heures passées à faire des quêtes sur FF8 pour monter en niveau pour tenter de ne pas se faire rouler dessus par un Xylomid et pouvoir invoquer Helltrain (un traumatisme de l’enfance pas encore guéri).
Le mix jeu vidéo et jeu de plateau est assumé et magnifiquement réalisé, on regrette quelques tournures de phrases pas très heureuses lors des traductions en français.
Mais dans l’ensemble, ce jeu offre de très bonnes parties, la boîte de base offrant 6 scénarii dont 5 imbriqués, chaque scénario possède 3 personnages ayant tous 2 quêtes possibles, ce qui donne une certaine rejouabilité, même si personnellement comme pour les jeux vidéo à fins multiples, il est rare que l’envie me pousse à connaître toutes les fins possibles, et donc de remettre le couvert une fois la mission terminée.
👉 Alors, à 2 c’est mieux
Les amoureux du 100 % finish sur leur RPG auront encore plus de suspens en jouant à deux joueurs, car un personnage ne sera pas joué à chacune des parties, ils pourront donc découvrir un nouveau personnage sur les parties suivantes du même scénario et éviterons le « je me souviens que la patte du Wendigo est cachée derrière la chaumière du maire".
Pour les autres, genre nous, qui une fois le scénario fait, il aura peu de chance de revenir sur le devant de la scène pour les fins alternatives (on ne ressort pas avec ses ex pour voir si quelque chose a changé depuis la fois d’avant), la version deux joueurs permet d’éviter les parties trop longues en maintenant un réel plaisir de jeu.
Contrairement au jeu Le 7e continent et ses parties de 17 heures pour perdre devant la carte finale qui nous a donné une très forte envie de nous tirer une flèche dans le genou pour ne plus jamais avoir à repartir dans ces aventures laborieuses et infinies, Destinies a été un plaisir de bout en bout, et nous a vraiment donné envie d’aller trouver les extensions pour poursuivre les aventures de nos PNJ devenue PJ pour notre plus grand plaisir, et pour une fois que mon scanner à QR code sert à quelque chose…
Du coup, quelque soit le nombre de joueurs, si vous aimez les jeux d’aventure et que les applications ne vous rebutent pas, jetez vous sur ce jeu qui vous fera passer quelques heures trépidantes entre aventuriers.
Loin du jeu de la vie de notre enfance, quel sera le destin que vous choisirez, jeune aventurier ?
Et n’oubliez pas vos genouillères par-flèche.
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