Llama Land : quand Mme J fâchée, elle toujours faire ainsi...
Un jeu de Phil Warker-Harding, illustré par Klemens Franz et édité par Funforge.
☝Instant Wikipedia :
Le lama blanc est un camélidé, donc de la famille du chameau et du dromadaire.
Il est domestiqué très tôt, première trace chez les incas, dans un but de bête de somme, mais aussi pour sa laine, et pour les sacrifices religieux, certains étant même momifiés.
L’arrivée des Espagnols a considérablement diminué leur population et leur diversité réduisant à 2 espèces dominantes (le chaku à la fourrure longue et le q’ara à la fourrure courte), et 2 autres mineures (le llamingo à la longue fourrure et de petite tailles, et le suri ressemblant à l’alpaga), le mélange interespèce étant fréquent, il n’y a plus vraiment de race « pure ».
Le lama crache pour se défendre ou quand il n’est pas content, rarement sur l’homme, sauf pour le capitaine Haddock, en fonction du degré de colère, le glaviot est soit du liquide gastrique visqueux soit d’une nébulisation salivaire (sexy la bestiole).
Dernier point important, le lama ne fait caca qu’à un seul endroit, et ça, c’est quand même passionnant, cela lui donne un petit côté Paul Finch pour les amateurs d’American pie.
Mise en place : 10 minutes
Règles : 10 minutes
Temps de partie : 30 minutes
Dans un temps reculé où la médecine et le monde ludique n’occupaient pas tout notre temps, nous décidâmes (le passée simple, c’est toujours plus poétique) d’élever des lamas dans la cordillère des Andes (c’est l’équivalent d’élever des chèvres dans le Larzac en France).
Nous arrivâmes bons pieds, bon œil sur cette belle montagne proche des dieux, mâchant une feuille de coca, un pisco à la main, prêts à relancer l’industrie du lama (on avait hésité avec l’alpaga, mais ça fait trop footballeur, leur coiffure).
Après 2 ou 3 tirs bien placés de glaviot d’animaux mécontents essuyés par une Mme J pleine de bonne volonté, nous nous aperçûmes que l’élevage de camélidés n’était pas une mince affaire et qu’il faudrait plus qu’un air de flûte andine et 2 bonnets à pompon pour apprivoiser la bestiole.
En conclusion, nous nous lançâmes dans la course à l’élevage pour voir qui serait le meilleur éleveur andin du coin.
Mise en place
– Placez au centre de la table toutes les ressources (pièces, maïs, patates, et cacaos), les lamas et les piles de polyominos par forme.
– Placez un nombre de cartes lama dépendant du nombre de joueurs, prises aléatoirement, pour chaque type de ressources, ainsi que le deck habitants avec 5 cartes faces visibles.
– Placez 4 missions de couleur bleue et 3 cartes violettes. Les violettes peuvent être remplacées par les dorées pour les éleveurs aguerris.
– Chaque joueur prend sa plaine de départ, asymétrique, ses 4 jetons, et 3 socles de construction, et allons pâturer là-haut sur la montagne les 2 pieds, les 2 mains dans la… Tiens, une chanson dont on se serait bien passé…
En vrac :
Le jeu se joue en tour par tour, à chaque tour, vous avez le choix entre 2 actions.
> Étendre votre territoire : pour cela, prenez un polyomino au choix sur le sommet d’une des piles et placez le adjacent à votre tuile de départ ou à un polyomino déjà en place. Des trous peuvent être créés du moment qu’au moins une partie du polyomino soit adjacente à un autre.
Une fois le territoire étendu, vous pouvez poser un de vos jetons sur la case la plus haute disponible d’une carte objectif. Le jeton pourra être déplacé lors d’une future action étendre, c’est sa place qui définira les points en fin de partie.
> Construire : pour cela, prenez un polyomino et posez-le SUR votre territoire, et non à côté.
Vous n’avez pas le droit de ne recouvrir qu’un seul polyomino, et si jamais vous recouvrez une case vide, vous devez utiliser un de vos socles pour combler le trou, pas de terrasse bancale dans les Andes.
Il n’y a pas de limite d’étages tant que rien n’est dans le vide.
Chaque icône recouverte vous rapporte son bonus, ressource ou pièce pour le symbole correspondant, et un villageois si vous recouvrez une hutte (oui là-bas, on détruit un village pour terrasser une pâture et ses habitants viennent aider à le faire, ils sont cools, ces Andins), les habitants vous donneront des capacités spéciales en cours de partie, valables toute la partie.
Une fois toutes les ressources récupérées, si vous avez 4 ressources identiques, vous pouvez nourrir un lama, pour cela prenez la carte lama de la plus haute valeur correspondante aux ressources défaussées (2 pièces peuvent remplacer une ressource), et placez un lama dans n’importe quelle plaine de votre plateau. Attention un lama est casanier, une fois posé, il ne bouge plus . On vous rappelle qu’une fois ses toilettes choisies, c’est pour la vie, et bien évidemment il sera impossible de placer un nouveau polyomino sur un lama…
La partie se termine :
- soit quand il n’y a plus qu’un seul type de cartes lama,
- soit quand il ne reste plus que 4 polyominos terrain.
Score :
Chaque joueur ajoute :
- les points de ses lamas,
- des objectifs validés en fonction des marqueurs (pas de marqueur, pas de point, il fallait mieux choisir),
- un point par ressource et par paire de pièces.
Le vainqueur sera sacré King Of Lama, et pourra vivre au milieu de ruminants dans un confort duveteux toute sa vie.
Les autres devront écouter ad vitam aeternam un remixe à la flûte andine de "Je Suis Malade" de Serge Lama, ce qui tout de suite est moins engageant…
À 2 joueurs, on réduit à 5 cartes lama de chaque type, de plus, les zones centrales des cartes objectifs ne sont pas utilisées.
Ici, nous ne sommes pas des adaptes des graphismes de Llama Land, les habitants des Landes sont illustrés de façon enfantine en pleine période cubique, ce qui ne nous séduit pas...
Par contre, le matériel est qualitatif, polyominos et tuiles épaisses et claires, cartes de bonne qualité, ressources agréables à manipuler, et il faut bien l’avouer, les meeples lamas sont vraiment chouettes (et ils ne chantent, ni ne crachent, ce qui est tout à leur honneur).
Un jeu d’optimisation et de programmation à base de polyominos à placer sur 3 dimensions ?
Ce n’est pas sans rappeler Akropolis, sorti il y a peu, et dont un magnifique article a été posté sur ce blog au cas où vous seriez passé à côté, ce qui serait une vraie lacune à votre culture, pourtant ce ne sont pas du tout les mêmes jeux, Llama Land rajoute un vrai plus avec sa gestion de ressources.
Chaque action devra prendre en compte la gestion de son territoire pour scorer les objectifs que l’on aura choisi au début de la partie. Car oui, on choisit ses objectifs dans les premiers tours pour scorer un maximum, ce qui donne une ligne de conduite pour la partie, mais aussi informe vos adversaires de comment vous bloquer, et la récupération de ressources pour avoir les lamas les plus intéressants, qui rappelons- le, sont uniquement monophages.
Toute la réflexion se fera donc sur :
- où poser son polyomino pour s’agrandir et l’organiser pour qu’il puisse être recouvert de façon avantageuse,
- quand le recouvrir
- où placer le lama résultant sans qu’il ne gêne la suite de ma stratégie,
- et comment faire en sorte que Mme J ne récupère pas le lama Roi des Patates à 12 points de victoire…
À cela se rajoute les avantages succins, mais intéressant des villageois qui pourront apporter la pièce manquante à l’acquisition du lama cacaovore.
Il aurait d’ailleurs pu être intéressant de créer un malus pour un joueur ayant choisi un objectif en vue de blocage, mais qui, en fin de partie, ne répond pas aux demandes de ce dernier, il ne faudrait pas avoir les yeux plus gros que le sac de patates…
Au final, même si la mécanique rappelle Akropolis, on est sur une stratégie bien différente et un peu plus experte, où l’optimisation de chaque action sera encore plus marquée, ils vont se compléter dans la gamme, plutôt que se concurrencer.
👉 Alors, à 2 c’est mieux ?
À 2 joueurs, le fait de réduire les lamas et de créer une grosse disparité sur le score des différents objectifs obligent à agir vite. Car oui, vous savez compter, chaque joueur peut scorer 4 objectifs et sur la table, il y a 7 cartes missions, donc un des joueurs sera obligé de scorer moins sur une de ses missions, il faudra donc choisir entre prendre les lamas les plus intéressants rapidement ou aller vers les objectifs riches en PV de fin de partie, les deux simultanément seront peu probables sauf si votre adversaire a la capacité d’attention d’un Mini J devant Totoro…
De plus, à deux joueurs, tenter d’empêcher l’adversaire d’arriver à ses fins sera plus facile puisqu’on aura qu’un seul pâturage adverse à surveiller.
Il s’agira de faire attention, dévoiler son jeu trop tôt à l’adversaire en montrant ses objectifs tôt dans la partie risque d’entraîner une forme d’antijeu adverse qui pourra vous couper tous les maïs sous le sabot, empêchant ainsi de scorer à la fin. Mais d'un autre côté, l'adversaire aura quant à lui aussi ses propres objectifs, donc vous pourrez aussi le contrarier...
En conclusion, ce jeu est adapté à tous les nombres de joueurs, mais à 2 verra une stratégie légèrement différente où l’observation de l’adversaire entraînera plus facilement du vol de lama pour qui a envie d’être un vil andin.
Si vous ne voulez pas finir comme Bernard, sur le banc pendant toute la compétition (les vieux ayant vécu la coupe du monde de 98 comprendront), sortez vous le lama du bonnet et en avant sur les plaines du Machu Picchu.
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