Clinic Rush : viens voir le docteur, non n'aie pas peur...


Un jeu de Ainthony Howgego, David Turczi et Konstantinos Kokkinis, illustré par Gong Studios et édité par Geek Attitude Games.


Instant Wikipedia : 

La transplantation d’organe consiste en une opération visant à remplacer un organe malade par un organe sain provenant d’un donneur. La transplantation se caractérise par une anastomose chirurgicale des vaisseaux (cœur, poumon, rein…), contrairement à la greffe qui est avasculaire (cornée, moelle osseuse par exemple). 

On retrouve les premières histoires de greffe dans les mythologies égyptienne et gréco-romaine, puis dans la Bible (greffe d’une jambe par Côme et Damien), les premières autotransplantations datent de 800 av. J. — C. avec des greffes de peau pour remplacer le nez des criminels qui étaient amputés (oui, un Bertrand Canta sans nez ça peut fait peur, mais au moins vous savez d’où vient Voldemort).

Au XVIe siècle est réalisé la première autogreffe de nez avec succès, en 1905 est réussie la première greffe de cornée, et c’est en 1906 qu’ont lieu les premières tentatives de greffes d’organes sur humain, toutes soldées par la mort du receveur dans les suites. En 1950 seulement sera compris le principe de rejet et d’immunologie, et en 1954 est réussie la première transplantation rénale, 1963 pour un foie, et la première et seule greffe de pénis a eu lieu avec succès en Chine 2006, mais le patient l’a fait retirer au bout de 14 jours (trouble psy lié à la sainte Verge)

Mais pour recevoir, il faut donner, et pour cela en France le principe de solidarité est sensé faire foi, et qui n’est pas inscrit sur la liste des refus est donneur potentiel. Mais en pratique, la carte de donneur d’organe et l’accord des proches pour le don restent une nécessité : en conclusion, parlez en à vos proches et achetez une moto, cela évitera que votre mort ne soit utile que pour le compost.


Temps de partie : 40 minutes

Règles : 15 minutes 

Installation : 20 minutes

Âge : 8-10 ans

Type de jeu : coopération, rapidité, pose d’ouvrier. 



Oh non, Mme J a encore ramené du travail à la maison… 

En même temps entre le manque de médecins, l’augmentation des malades et de l’irrespect de ces derniers, plan blanc, vert, bleu voire arc-en-ciel (ils ne savent plus quoi inventer comme couleur de plan), et une absence complète de politique de santé cohérente dans le pays (et on ne parle pas des politiciens, ça pourrait la fâcher), on est bien obligé d’avoir une vague conscience professionnelle pour sauver la populace… Quoi que…

Enfin bon, tout ça pour dire qu’on se retrouve avec une extension du CHU dans la ludothèque, et une salle d’attente aussi pleine qu’une première d’Avatar au cinéma, et le bisou magique ne sert à rien, et puis vu l’odeur des patients, ça ne donne pas envie... 

Du coup, il va falloir les examiner, les ausculter, les traiter voire les opérer sur la table du salon avec le couteau à beurre, heureusement Grey’s Anatomy nous a tout appris, et au pire des cas, il y aura bien un.e IPA pour nous aider… 

Et puis comme on est condition réelle, vous aurez 4 minutes montre en main pour une transplantation cœur-poumon avec traitement d’une diphtérie chez un antivax notoire, et gestion d’une crise d’angoisse chez une infirmière en début de carrière dans l’hôpital public… On est large. 👌


Mise en place : 

Une fois l’ensemble des 5 grands plateaux en place l’un au-dessus de l’autre, placez les cartes patients de part et d’autre du plateau admission, les médicaments, sérums, sang, seringues sur le plateau de pharmacie en fonction du nombre de joueurs, et faite une réserve à côté avec les organes et le reste de la pharmacopée, placez les cartes diagnostic sur le plateau éponyme en fonction de leur type (infection, immunité, radiologie, IRM), le plateau de chirurgie au-dessus vide et enfin le plateau de chambres avec les 6 lits vides et les cartes épidémie à côté.

Au-dessus, placez les infirmières et plateau compte-score avec le marqueur tour et les marqueurs réputation et score en fonction de la carte objectif, tirée au hasard, et de la difficulté choisie sur celle-ci. 

Chaque joueur prend une pince chirurgicale et un sablier docteur, on lance le chrono, ou la musique fournie par le jeu, et essayons de sauver la plèbe.


Il est compliqué de tout prendre en photo, vu la quantité de matériel...


Les sérums et seringues

Cartes épidémie

Patients externes

Cartes objectifs

Cartes recherche



La partie va se dérouler en 4 manches en temps réel.


Avant de lancer la manche, les joueurs peuvent faire un plan d’action (comme à l’hôpital, mais cela, ne marche jamais, en vrai) et objectifs thérapeutiques pour la manche en cours et les éventuels patients encore présents dans votre mouroir, pardon dans votre hôpital public. 

Si vous jouez en version expert, vous pouvez retourner 3 cartes recherches pour la manche à venir, ses cartes donnent soit des actions supplémentaires, soit une mission donnant des points de réputation en fin de manche si elle est réalisée.


Une fois les docteurs fin prêts, stéthoscopes sur les oreilles, bistouris dans la main gauche et fesse de l’infirmière dans la droite... Ah, l’infirmière s’appelle Robert et va vous en coller une, donc on relâche la fesse et on prend le tensiomètre en douceur... voilà... très bien Dr Mamour… 

On lance le chronomètre et c’est 4 minutes de chirurgie, piqûres et autres touchers rectaux effrénés qui arrivent (ça vend du rêve non ?). 


Les joueurs vont jouer simultanément en déplaçant, soit leur sablier docteur personnel, soit un des sabliers infirmiers neutres, la seule condition est que le sable soit entièrement écoulé (et que l’ASH ait fini de nettoyer le sol, on ne rentre pas dans une chambre en cours de nettoyage même pour un arrêt cardiaque sous peine de finir sa carrière avec de la Bétadine dans son café tous les matins…). 


Les admissions permettent :

- soit de placer dans les différentes salles d’attente (filière courte (=externe) ou filière d’hospitalisation) jusqu’à 3 patients, 

- soit d’hospitaliser un patient en filière hospitalisation en le déplaçant dans un lit, 

- soit de soigner un patient de filière courte en plaçant les traitements demandés disponibles dans la pharmacie dessus (les sérums doivent être placés dans des seringues, on ne jette pas la ceftriaxone à la figure des patients, non, non, non, même si c’est la 3e fois qu’ils viennent pour une gono…). 


La pharmacie permet de refaire le plein en médicaments, sérums, seringues, poches de perf', sang ou de récupérer 2 organes identiques pour sa banque personnelle (ça doit être Dexter qui fait les collectes…)


La zone diagnostic permet de savoir quel traitement administrer aux patients selon leurs besoins. 

Ce sont des mini jeux : 

— La culture bactérienne : mini memory où il faut retrouver la bactérie identique à celle de la carte du dessus du deck. 

— L’analyse sanguine : il faut refaire le plus vite possible l’agencement globules blancs et rouges indiqué sur la carte.

— Les rayons X où il faudra observer les numéros de lit pour trouver la carte où le numéro du lit du patient n’apparaît pas

— L’IRM où il faudra faire un petit jeu d’équilibre avec le lit du patient et le sablier du docteur jusqu’à sa chambre. 


Cartes diagnostic culture

Cartes diagnostic analyse sanguine


Cartes diagnostic rayon X

Cartes diagnostic IRM

Une fois le jeu réussi, on replace le lit dans sa chambre avec la carte retournée indiquant le traitement à administrer au patient du lit, ou la nécessité d’un passage au bloc. 

Certaines cartes auront un symbole de contagion obligeant à retourner une carte épidémie pour la chambre et de rajouter un traitement à tous les patients du couloir (fallait la faire avant, la PCR COVID...). 


Le bloc opératoire : on y placera ses patients nécessitant d’être découpés pour les soigner, et y placer à la pince (les sérums dans les seringues aussi à la pince, on n’est pas chez les cromagnon ici) tous les traitements et organes de la réserve demandés par la carte diagnostic récupérés précédemment ou directement sur la carte patient. 


La chambre permet d’administrer les traitements de la pharmacie aux patients hospitalisés, traitements indiqués sur leurs cartes traitement et éventuellement sur la carte épidémie. 


Le patient a besoin d'après la carte dans son lit de : 
- 1 poumon
- 1 comprimé blanc
-  seringue de sérum rouge de 2 jetons rouges

Ici, le monsieur en état critique  a besoin de :
- 2 seringues de sérum jaunes de 3 unités
- 1 seringue rouge de 4 rouges
- 2 poches de perfusion

📝À la fin des 4 minutes, on vérifie si tous les traitements ont été administrés de façon adéquate. 

  • Tout patient bien traité rapporte ses points d’expériences associés à ceux de sa carte diagnostic,
  • Les patients auxquels on a mis trop de traitement (un comprimé de clamoxyl en trop ou un troisième poumon par exemple), sont considérés comme soignés et donnent leurs points, mais ils iront râler sur Google, faisant perdre de la réputation à votre structure,
  • Un patient non traité s’aggrave jusqu’à la mort et fait perdre de la réputation.
A 0 de réputation, c’est la défaite 💀 immédiate et une armée d’avocats viendra toquer à la porte. 

Une fois les décomptes réalisés, on ressort 3 nouvelles cartes recherche, on discute d’un nouveau plan d’actions thérapeutiques et une nouvelle garde démarre. 


🏆À la fin de la quatrième, on vérifie si on a atteint l’objectif et vous pourrez vous vanter d’être le fleuron de l’hôpital moderne.

💀 Dans le cas contraire, bienvenue dans l’hôpital public français… 


À 2 joueurs : on réduit le nombre de médicaments placés dans la pharmacie en début de partie, et on choisit les cartes objectifs réservées à 2 joueurs. 


👀

Le matériel est d’excellente qualité, les organes et les médicaments faciles à manipuler même à la pince, les seringues et la pince à disséquer sont aussi très plaisantes et rappellent le boulot (et pour une fois sans râler parce que le téléphone sonne à 4 heures du mat' pour un code rouge), les cartes sont bien faites et claires dans leurs indications.

Les illustrations, non sans rappeler Kitchen Rush, l’un de leurs premiers jeux, sont légèrement naïves, mais amusantes. 

Les règles sont claires et faciles à appréhender malgré le florilège d’actions possibles. 

Par contre le bémol reste la mise en place : entre le temps d’installation et la place que prend le jeu sur la table, on passe presque autant de temps à sortir puis à ranger le jeu qu’à jouer, ce qui est toujours un peu frustrant, surtout pour un jeu qui a vocation d’être rapide et nerveux… 

Heureusement que la prise en main est rapide. 


Bienvenue dans le brouhaha d’une salle de garde classique, stressés, otosensibles et autres ramollis du bulbe, passez votre chemin.

Ici, il va falloir jouer vite, avoir une communication adaptée et toujours essayer de savoir qui fait quoi. 

J’admets Mr Mangetropgras en chambre A3 pour sa cirrhose, pendant ce temps envoie l’infirmier Jean Peupludesetafdemerde faire le point sur la réserve de seringues, il faudrait que Dr Beurnaout récupère 2 reins parce que ça sent la transplantation, et si le Dr Jevaiseleveredeschevresdanslelarzac peut lui faire passer une IRM et l’opérer dans la foulée, ce serait parfait. 

Et pendant ce temps l’infirmière Vafalloirquonarretedemeprendrepouruneboniche va soigner le con... Patient qui a mal à la gorge depuis 1 semaine, mais qui vient à 2 heures du mat' parce qu’il y aura moins de monde...

Ah, et Dr Deuxdoigtscoupefaim (il est gynéco), ce monsieur s’est malencontreusement assis sur un set complet de boules de billard tout nu, tu peux lui retirer l’ensemble de ce qui est bloqué dans le trou avec les forceps ?  


Vous l’aurez compris, le jeu joue sur le stress et l’action, et il faut être intense pendant 4 fois 4 minutes pour essayer de maximiser ses actions en groupes. Et même si tout est fictif, on se sent un peu comme à l’hôpital. 

À la fin, on n'est pas sûr d’être satisfait, on n'est pas sûr d’avoir fait ce qu’il fallait, on n'est pas sûr de se qu’est cette tâche verte sur son pantalon (guacamole, méconium ?... Non ça a un goût d’avocat...).

Mais finalement après 12 heures, un merci illumine la fin de garde et on se dit que ça valait le coup.

Ici, voir nos patients recouverts de bouts de bois colorés dans des seringues et avec 4 reins nous rapporter quelques points de victoire bien mérités, et avoir la même odeur de transpiration un peu rance à force d’avoir bouger dans tous les sens apporte le même plaisir (et surtout il est plus récurent que le merci). 


Par contre il va falloir bien choisir ses coéquipiers, car on a vite fait de se retrouver avec un effet leader monstrueux, où le chef de service indique toutes les actions à ses subalternes, qui auront intérêt à avoir l’éclair de génie du siècle (guérir la covid avec du spasfon, créer une contraception efficace masculine, faire une réforme de la santé constructive…) s’ils veulent l’ouvrir sans se prendre la banque d’organes dans la figure, gâche l’expérience de jeu. 


Dans l’ensemble, voici un jeu où il faudra bien s’entendre entre coéquipiers sur des parties endiablées, où le risque de prise de tronche entre professionnels entraîne la fin prématurée de Kaylhyana et de sa rage de dents, comme dans la vraie vie quoi, et qu’on se plaira à sortir en soirée si le maître du jeu a pris le temps de l’installer avant…


👉Alors, à 2 c’est mieux ? 


Les objectifs sont parfaitement adaptés à la configuration, et le fait de pouvoir jouer sur la difficulté de réalisation de l’objectif permet d’adapter le jeu en fonction de la connivence des joueurs. 

Il faudra aussi faire attention à son stock de médocs où la rupture de paracétamol et de clamoxyl se fait vite sentir…


À 2 joueurs, la communication est souvent plus simple, mais l’effet leader peut aussi poindre le bout de son bistouri entraînant le conflit entre J pourtant bien attentionnés, confirmant l’intérêt de consulter chacun de son côté.

Pourtant la communication et la coopération seront nécessaires pour réussir à sauver le plus de monde possible, et une fois le terrain d’entente entre joueurs trouvé, les parties effrénées seront amusantes, ludiques et drôles avec un matériel aux petits oignons.


À 2, 3, ou 4, les parties restent toujours agréables et drôles si les joueurs savent communiquer et s’écouter sur un pied d’égalité pour 40 minutes de frénésie, et de plaisir avec une pince et des seringues, même si je maintiens qu’à 2 joueurs la communication est plus simple, souvenez-vous de la maxime de Bernard Werber.


Prêt à remplacer votre Dr Maboule antédiluvien ? 

Alors ouvrez votre propre hôpital et regardez-le se remplir et se vider aussi vite que la réserve de cannabis de Doc Gynéco…  

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