Elastium : ou comment faire un jeu avec ce qui traîne sur le bureau

Un jeu de Oren Shainin, illustré par Yaniv Kahana et édité par Lifestyle boardgames Ltd.

Il y a pas à dire, quand on ouvre cette très jolie boîte très bien illustrée, on ne s'attend pas vraiment à ce qu'on va trouver dedans... 

Dans la boite, un grand plateau en plastique bleu avec pleins de picots rappelant un tiroir lave-vaisselle de bar, 4 lots d'élastiques de couleurs psychées, non sans rappeler les élastiques pour bagues d'appareil dentaire à la mode des année 90, 4 meeples sous LSD, des diamants d'énergie fluo, des cartes bien ternes à côté de tout ce fluo, et enfin 8 plaques mission de design inégal à emboîter sur le tiroir lave-vaisselle, en fonction de la mission souhaitée. 

Chaque mission débute par un petit speech, histoire de plaquer un thème sur le jeu, mais surtout, à chaque mission les règles pourront être modifiées, ainsi que les conditions de fin de partie : un certain nombre de tour, un nombre d'Elastiums récupérés (car oui le but est de récupérer de l'Elastium, nouvelle matière qui permet de créer les élastiques... Artificiel serait le thème? Non, point du tout...). 

Les Elastiums sont des PV.

Une fois tout le monde placé d'un côté du plateau avec ces cartes en main, on alterne les tours jusqu'à ce que les conditions de fin de partie soient atteintes. 

Deux actions par tour : 

- soit récupérer 2 cartes dans la rivière de 5 cartes 

- soit défausser des cartes pour placer un élastique sur les picots. 

Une fois par tour, on peut dépenser 3 énergies pour faire une action supplémentaire. 

Pour poser un élastique, il faut défausser les cartes de la couleur des picots que l'on souhaite entourer (2 cartes d'une même couleur remplacent une carte couleur non possédée). 

Le premier élastique doit partir d'un picot de notre côté en sur-brillance, les suivants devront partir d'un picot nous appartenant déjà. 

Si le picot nous appartient, on ne défausse pas de carte, et si on va sur un picot adverse alors la carte devra être remise à l'adversaire. 

De plus, un élastique ne peut être posé que s'il respecte les formes indiquées par le scénario et il doit suivre les fins liserés blancs sur le plateau mission. 

Une fois l'élastique placé, on récupère les énergie et les éventuels Elastiums situés au milieu du caoutchouc. Les énergies sont symbolisés par les cristaux turquoises, l'Elastium, symbole doré, fait avancer nos meeples drogués vers la victoire. 

Une fois cette dernière atteinte par un des joueurs, on finit le tour en cours, on ajoute à notre compteur les cristaux d'énergie non dépensés et c'est gagné. 

À deux joueurs, on jouera sur le verso du plateau réduisant la surface élastifiable (ce mot sera ajouté au Larousse 2042). 

Ce jeu aura sûrement souffert de deux choses : ses graphismes très inégaux et pas toujours engageant, et l'appréhension sur la qualité et la résistance des élastiques dans le temps. 

Objectivement, le matériel semble résistant, après nous ne sommes pas à 50 parties non plus... Quid de la résistance des élastiques dans le temps ?

Pour autant ce jeu est frais, apporte un renouveau dans une mécanique éculée de la gestion de main, la rapidité des parties est aussi très appréciable, mais le nombre de scénarii reste un peu faible.

Alors, à 2 c'est mieux ? 

La réduction du terrain à deux permet d'apporter un côté "course à l'Elastium" appréciable et donne des parties plus nerveuses. 

Pas le temps de se tirer l'élastique au bord de l'eau il faut aller droit au but (... insérez ici une figure affligée). 

La tension est du coup palpable, et nous oblige à la jouer soit stratégique soit anti-jeu soit rapidement en fonction des conditions de fin de parties qui (se) renouvellent (à) chaque aventure. 

Ce jeu aurait mérité une meilleure publicité de part son originalité, et le plaisir simple et rapide qu'il procure. 

Après ce plaisir élastique, attendons de voir ce que la sphère ludique a prévu avec nos trombones et autres attaches parisiennes.